Erwan Lemarchand est membre de l’AITF. Il travaille en tant qu’expert à l’AFNOR sur la réforme des DT-DICT.
Partie 1
Qui est Erwan Lemarchand ?
Partie 2
Rétrospective
Partie 3
Rôle dans la réforme
Partie 4
Constat
Avec toutes ses responsabilités, l’homme arrive encore à nourrir son esprit et son corps. Rugbyman et joueur de basket, Erwan Lemarchand est aussi un lecteur assidu. « Plutôt des bande dessinées et des livres sur l’actualité, la société et la politique.
» Une obligation liée à son métier.
Erwan Lemarchand est directeur coordination territoriale et proximité au pôle développement territorial et durable à la communauté urbaine de Lille Métropole, une entité regroupant 87 communes. Son rôle est difficile. Il consiste à « mettre en place des outils de concertation et de dialogue avec ces communes
».
Avec ses 14 collaborateurs, il doit faire vivre ces outils, animer et rendre les décisions prises par le conseil communautaire « plus compréhensibles, plus proches
». Bien vivre ensemble reste le credo de ce quadragénaire, adopté par les Nordistes depuis 1998.
A propos de son poste, il reconnaît lui-même qu'il est « éloigné de la technique, mais pas de la relation à l’élu
».
Pendant ses études, il s’est avant tout penché sur les problématiques liées à l’eau. Lorsqu’il sort de l’Ecole Centrale de Nantes en 1996, il a déjà choisi l'option génie civile, puis il termine sa dernière année au Canada où il se spécialise dans un module de traitement des eaux usées et un autre sur la gestion de projet à HEC Montréal. « Mon hobbie professionnel depuis toujours a été l’eau
», avoue-t-il. « J’aime la nature
. »
Cette attention particulière l’a toujours poussé à rechercher des métiers en rapport avec ce sujet. Lors de sa dernière année en école d’ingénieur, il enchaîne ses stages à la Lyonnaise des Eaux. « Ma carrière à Lille Métropole Communauté Urbaine a commencé dans ce domaine-là.
» Il y a notamment mis en place au début des années 2000, deux ans après son entrée, une formation avec le CNFPT.
Et aujourd’hui, « je continue à me documenter grâce à des conférences
». Il reste toujours en relation avec son domaine de prédilection via des formations afin de poursuivre une veille.
Forcément, quand l’Association des ingénieurs territoriaux français dont il fait partie, a demandé en 2008, s’il y avait des candidats pour participer à une commission de normalisation de l’AFNOR, traitant de la réforme DT-DICT, « je me suis proposé et j’ai été choisi
». Dès lors, son rôle a porté sur une réflexion quant à l’organisation des services afin de « moderniser notre approche en interne
». « Nous utilisions du papier et des fax. Nous n’étions pas dans les clous sur le plan réglementaire.
» Anticiper est devenu très vite un maître-mot.
En outre, il s’est placé, de par son métier, dans la peau du défenseur des maîtres d’ouvrage. « J’étais le seul représentant d’une collectivité et maître d’ouvrage autour de la table
. » Certes, certaines grosses entreprises et maîtres d’ouvrage, comme GDF-Suez, étaient présentes, mais il a essayé, à chaque fois, de se faire la voix des maîtres d’ouvrage publics. « En sortant de commission, j’essayais de porter un message de l’AITF qui venait de mes collègues et de mon expérience dans une collectivité. J’étais aussi le seul à avoir un retour des collectivités.
»
Il a porté les avis et les difficultés, comme les problèmes de cartographie des réseaux. « Nous n’avons pas suffisamment anticipé
», reconnaît-il. Pour sa part, la cartographie des réseaux est insuffisante et, dans le cas de la réforme, la mise à jour est à la charge des maîtres d’ouvrage.
Sur ce point, « nous avons été en désaccord avec l’Etat
. » Il en est de même pour les investigations complémentaires, nouveauté dans cette réforme. « Il y a un gain dans les investigations complémentaires. Mais cela a un coût au départ.
»
Au cours de tous ces débats, l’apport de son expérience lui a servi. « Depuis une dizaine d’années, la communauté urbaine organise des sondages en phase de projet pour déterminer les réseaux
. » La collectivité ne le fait pas seulement pour une question de sécurisation des futurs chantiers, mais surtout pour une question de déviation. « Nous avions intérêt à bien positionner notre réseau, notamment celui du gaz. Nous avons pu remonter cette pratique
», assure-t-il, à la fois dans la commission, mais aussi dans d’autres collectivités où cela n’existait pas. Grâce à cela, la position de la FNTP a pu être atténuée. « Cette réforme va changer les méthodes de travail. Il faut un procédé d’intégration.
»
Seul problème et de taille : la réforme est applicable depuis le 1er juillet. « C’est le temps qui manque. La réforme est complexe, même si elle va dans le bon sens
. »
Il suit tout à fait le raisonnement de Jean-Pierre Augier, président de l’AITF. Ce dernier demande un report. « En 2008-2009, tout le monde disait que la réforme était loin. Aujourd’hui, je croule sous les demandes d’explication.
» Depuis six mois, il enchaîne les sessions de formation. Lors de la dernière qui s’est déroulée à Lille, 350 agents de collectivités étaient présents.
Alors même que la réforme entre en vigueur, élus et collectivités n’en sont qu’au stade de la compréhension. Le principal accroc réside dans les clauses que chaque collectivité doit rédiger. « Nous sommes dans une phase de compréhension, mais il n’y a pas d’outils.
» Il assure qu’il faudra au moins un an pour que ces fameuses clauses soient créées. « Les clauses techniques, les investigations complémentaires sont les cas les plus urgents à résoudre. La commission de l’AFNOR s’est donnée six mois pour le faire.
»
Après, il faudra s’attaquer à la cartographie des réseaux. Dans tous les cas, Erwan Lemarchand croit fortement en l’intercommunalité pour faire avancer les choses. Atteindre une taille critique pour mutualiser l’ingénierie et permettre aux plus petites communes de ne pas subir les réformes comme celles des DT-DICT. Cet élément est indispensable, selon lui, pour parvenir à générer des outils performants utiles à tous.
Mathieu Liénard