Depuis 2000 le nombre des réseaux de chaleur biomasse s'est multiplié. La chaleur issue du bois pourrait encore être multiplié par quatre d'ici 2020 si les outils nécessaires sont mis en place. Panorama.
Partie 1
Concevoir un réseau biomasse
Partie 2
Décollage des chaufferies bois
Partie 3
Le choix du développement local
Partie 4
Quatre fois plus de bois en 2020
Partie 5
Pour en savoir plus :
Un réseau de chaleur biomasse est constitué d'une chaudière principale, alimenté par différents types de bois, et d'au moins une autre chaudière secondaire assurant l'appoint et la réserve en cas de rupture d'approvisionnement en bois. Les combustibles sont très variés : plaquettes forestières, écorces, granulés, bois de recyclage, etc. Ainsi chaque projet de chaufferie biomasse doit en amont étudier la ressource disponible localement, voire en organiser la collecte.
L'association Amorce indique qu'avec un dimensionnement de la chaudière bois à 45 ou 50 % de la puissance maximale appelée sur le réseau, on parvient généralement à couvrir de 80 à 85 % des besoins de chauffage avec la biomasse. Certaines petites communes choisissent de porter ce taux à plus de 90 %, pour les chaufferies de moins de 1 500 kW. Dans ce cas, il est préconisé de prévoir un stockage d'eau chaude, car le rendement des chaufferies bois se dégradent lorsqu'elles fonctionnent à bas régime. Les chaufferies de plus de 3 MW se situent dans des réseaux de chaleur multi-énergies, où le bois compte généralement pour un peu plus de 50 %. D'après la dernière enquête du Syndicat national de chauffage urbain (SNCU), la biomasse représentait ainsi 6 % de la chaleur produite par les réseaux de chaleur français en 2011.
Les premières chaufferies bois sur réseaux de chaleur datent du début des années 80, mais leur développement commence véritablement avec le Plan bois énergie de 1994. Il s'agit alors de petites installations de moins de 1 500 kW destinées à des communes rurales ou de petites villes. En 2000, le Programme bois énergie de l'Ademe met l'accent sur des projets plus importants destinés à des villes moyennes. Depuis 2006 enfin, le Fonds chaleur de l'Ademe, puis les cinq appels à projets « Biomasse Chaleur Industrie, Agriculture et Tertiaire » (BCIAT) lancés depuis 2009, ont permis de multiplier les projets. La dernière enquête de l'association Amorce* indique que 470 réseaux de chaleur étaient alimentés par la biomasse fin 2010. Les chaufferies vont de 50 kW à 50 MW de puissance. Cependant pour 43 % d'entre elles, il s'agit de chaufferies de réseaux ruraux de moins de 500 kW. Les réseaux de chaleur biomasse sont ainsi majoritairement (55 %) implantés dans des communes de moins de 5 000 habitants, dont 40 % dans celles de moins de 2 000 habitants. Les chaufferies de plus de 3 MW ne représentaient que 19 % du total des réseaux de chaleur biomasse, mais ont en revanche produit 81 % de la chaleur livrée par ces derniers en 2010.
* La prochaine enquête sur les réseaux de chaleur bois doit paraître courant 2013
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Les critères de choix orientant les maîtres d'ouvrage vers la biomasse varient selon la taille des installations et par conséquent la taille de la collectivité concernée. La grande majorité (62 %) des réseaux de chaleur biomasse est en effet gérée par une régie municipale. En milieu rural, ils apparaissent avant tout comme un moyen de développement local grâce aux emplois liés à la sylviculture et à l'exploitation. Le choix est en revanche déterminé par des critères économiques pour les chaufferies de plus de 3 MW. En effet en 2011, le prix moyen de la chaleur issue d'un réseau de chaleur à énergie renouvelable était de 59,4 €HT/MWh, contre 67,5 €HT/MWh pour la moyenne des réseaux de chaleur français. En outre, le prix de vente de la chaleur bénéficie d'une TVA réduite à 5,5 % dès lors que le réseau fonctionne avec plus de 50 % d'énergie renouvelable ou de récupération (usine d'incinération des ordures ménagères). Le coût d'investissement dans un réseau de chaleur biomasse est en moyenne de 1 182 €HT par kW installé, en incluant la création du réseau. Mais le coût varie fortement selon la taille de la chaudière : de 1 759 €HT/kW pour celles de moins de 500 kW contre 992 €HT/kW pour celles de plus de 3 MW.
En 2010, les réseaux de chaleur biomasse ont fourni l'équivalent de 300 ktep de chaleur, mobilisant près de 1,5 million de tonnes de bois par an. L'objectif national pour 2020 est d'atteindre 1 200 ktep, ce qui signifie aussi de parvenir à produire quatre fois plus de bois énergie d'ici là. « Cet objectif ne pourra être atteint sans un gros travail de structuration de la filière d'approvisionnement, estime Amorce. » Cette structuration passe notamment par la création d'un fonds de mobilisation de la biomasse de 100 millions d'euros par an. Ce fonds, qui était une des recommandations du Grenelle de l'Environnement en 2007, n'a jamais vu le jour. Il fait aujourd'hui à nouveau partie des recommandations du débat sur la transition énergétique.
Vincent Boulanger