La France se situe au 6e rang mondial en terme de puissance éolienne installée. Mais le rythme d'installation des éoliennes se ralentit depuis deux ans avec l'entrée en vigueur de nouvelles lois restrictives.
Partie 1
Les chiffres clés
Partie 2
Une montée en puissance
Partie 3
Objectif 2020
Partie 4
Obstacles législatifs
Partie 5
Pour en savoir plus
En 2011, les 4 140 éoliennes installées en France (métropole et DOM) ont produit l'équivalent de 2,5 % de la consommation nationale d'électricité. Avec une puissance éolienne installée de 6 792 MW, la France se place ainsi au 6e rang mondial et au 3e rang européen, derrière l'Allemagne et l'Espagne, qui disposent respectivement de 29 060 MW et 21 674 MW installés. Cinq régions françaises accueillent à elles seules 57 % du parc éolien français, par ordre d'importance, la Champagne-Ardenne, la Picardie, la Bretagne, le Centre et la Lorraine.
L'éolien terrestre bénéficie d'un tarif d'achat fixé à 8,2 c€/kWh pendant 10 ans, puis entre 2,8 et 8,2 c€/kWh pendant 5 ans selon les sites. L'électricité est achetée par EDF et compensée par la contribution au service public de l'électricité (CSPE), que payent tous les consommateurs d'électricité. Pour l'éolien en mer ou « offshore », l'appel d'offres (voir « Objectif 2020 ») fixe une fourchette de prix, entre 11,5 et 20 c€/kWh selon les sites, garantis sur 20 ans. Par comparaison, le kWh nucléaire est vendu 4,2 c€/kWh, comme le stipule la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l'électricité) qui oblige EDF à vendre une partie de sa production nucléaire à des fournisseurs d'électricité alternatifs. Toutefois, ce prix ne comprend ni les coûts de démantèlement des centrales, ni l'assurance du risque nucléaire pris en charge par l'État, ni les investissements de sécurité rendus nécessaires par l'accident de Fukushima.
Au cours des 10 dernières années, la puissance moyenne d'une éolienne est passée de 0,7 MW à 2,1 MW. Ainsi un même nombre de machines permet de produire davantage d'électricité. Une seule machine de 2 MW, ayant un mât haut de 80 m, produit assez d'électricité pour satisfaire la consommation annuelle de plus de 2 000 personnes, alors qu'il y a 10 ans une machine alimentait l'équivalent de 700 habitants. Les éoliennes commencent à produire par des vents de 11 km/h et se mettent en sécurité lorsque les vents deviennent trop violents, à partir de 90 km/h, voire 122 km/h pour certains modèles. La plupart des machines produisent à leur puissance maximale (nominale) par un vent de 50 km/h.
Le Grenelle de l’environnement a fixé un objectif à l’horizon 2020 de 19 GW de puissance éolienne installée à terre et 6 GW en mer. Aucune éolienne n'est encore installée au large de nos côtes, contrairement aux pays du nord de l'Europe. C'est pourquoi le gouvernement a lancé un premier appel d'offres offshore en 2011. À l'issue de cet appel d'offres, quatre candidatures ont été sélectionnées totalisant une puissance de 2 GW. Trois des parcs doivent être construits par le consortium Eolien Maritime France (EDF, Dong Energy Power, Alstom) à Fécamp (Seine-Maritime, 498 MW), Courseulles-sur-mer (Calvados, 450 MW) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 480 MW). Le dernier parc de 500 MW sera construit par Ailes Marines (Iberdrola, Eole Res, Areva) à Saint-Brieuc dans les Côtes d'Armor.
Ces projets doivent engendrer la création de 10 000 emplois directs, selon le ministère de l'Industrie. Un second appel d'offres pourrait être lancé en 2012. « En 2020, selon les projections du Grenelle de l’environnement, le parc éolien français produira 55 TWh, soit 10 % de la consommation électrique de notre pays, indique le Syndicat des énergies renouvelables. »
Les professionnels doutent toutefois que les 25 GW éoliens prévus puissent être installés d'ici 2020. En effet, la législation encadrant l'installation d'éoliennes a été régulièrement renforcée en France. Dernière en date, la loi dite Grenelle 2 classe désormais les éoliennes dans la catégorie des installations industrielles dangereuses*. Ce qui exige de nouvelles démarches administratives pour obtenir les agréments. Il faut en France 8 ans pour construire un parc éolien, contre 4,5 ans en moyenne en Europe.
Résultat, l'éolien marque le pas en 2011, avec 816 MW installés contre 1 355 MW l'année précédente. L'année 2012 promet d'être pire encore, car seuls 215 MW ont été mis en service au premier semestre, contre 340 MW lors du premier semestre 2011. Pour atteindre l'objectif 2020, il faudrait mettre en service 1 400 MW par an. « En 2012, la filière représente plus de 10 000 emplois, souligne France Énergie Éolienne, l'association des professionnels du secteur. Compte-tenu des objectifs fixés par l’Union Européenne, elle devrait atteindre le chiffre de 60 000 emplois en 2020 et jusque 100 000 en 2030. »
*Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).
Vincent Boulanger