Un nouveau réseau est en cours de construction. La fibre optique est déjà déployée dans les plus grandes agglomérations et couvrira 60 % de la population d'ici cinq ans. Etat des lieux.
Partie 1
Du haut débit au très haut débit
Partie 2
Objectif : 100 % en 2025
Partie 3
Les villes d'abord
Partie 4
Réseaux d'initiative publique
Partie 5
Les abonnés à la traîne
Partie 6
Pour en savoir plus
La fibre optique est déployée depuis une vingtaine d'année sur les réseaux nationaux de transport de l'information. Elle arrive désormais jusqu'à la desserte locale, permettant au consommateur de passer du haut au très haut débit.
La technologie ADSL, via le fil de cuivre, autorise des débits de 512 kbit/s en flux montant (envoi de données) et jusqu'à 20 Mbit/s en flux descendant (réception de données). La fibre optique permet pour sa part jusqu'à 50 Mbit/s en flux montant et à 100 Mbit/s en flux descendant. De quoi émettre et recevoir simultanément des vidéos sur plusieurs terminaux d'un même foyer.
Aujourd'hui, environ un foyer sur quatre ne peut pas bénéficier via sa connexion internet de services de télévision et un sur deux ne peut pas bénéficier de la télévision haute définition.
En 2009, le gouvernement a lancé un programme national pour le très haut débit visant à desservir 70 % de la population d'ici 2020 et 100 % d'ici 2025, grâce à la fibre optique essentiellement*.
L'investissement total nécessaire évalué par l'Arcep s'élève à 21 milliards d'euros, dont 8 milliards d'investissement public (collectivités locales, grand emprunt, etc.). Fin mars 2012, 5,4 millions de logements étaient équipées de réseaux fibre optique et éligibles à des offres très haut débit, dont 1,3 millions situés en dehors des grandes villes.
Le leader sur ce marché est à ce jour Numéricable qui compte à lui seul plus de 4 millions de foyers raccordables. L'opérateur fait en effet arriver la fibre optique jusqu'au pied des immeubles, mais les logements restent desservis par le câble coaxial déjà installé. Les autres opérateurs, Orange, SFR et Free amènent la fibre optique jusqu'au logement.
* Dans certaines zones inaccessibles à la fibre, le très haut débit pourra emprunter des voies satellitaires ou le futur réseau mobile 4 G.
Les déploiements se sont d'abord opéré sur les grands centres urbains. « Avant 2010, nous nous sommes concentrés sur le câblage des 20 plus grandes villes
(Paris, Lyon, Marseille, etc.), explique Yves Parfait, directeur du programme fibre optique chez Orange. En décembre 2010, le cadre réglementaire a été posé pour toutes les zones au-delà et en 2011, nous avons conclu des accords avec les autres opérateurs. Depuis nous avons démarré le fibrage de 60 villes moyennes, telles Brest, Dijon, Montauban, etc. Notre programme est d'avoir équipé d'ici 2015, 3 600 communes françaises, représentant 60 % de la population
. »
Dans ces zones moins denses, seuls deux opérateurs déploient les réseaux de fibre : Orange équipera 80 % des communes et SFR les 20 % restant. Les autres opérateurs pourront néanmoins exploiter les réseaux pour proposer leur propre offre à leurs abonnés.
Pour amener le très haut débit aux 40 % restant de la population, deux modes sont envisagés.
Les collectivités locales peuvent choisir une simple « montée en puissance ». La fibre optique n'arrive pas jusque chez l'abonné mais au centre du village, ce qui permet de raccourcir la longueur du réseau cuivre et d'avoir des débits de 10 à 20 Mbit/s, contre moins de 2 Mbit/s auparavant.
Certaines collectivités veulent néanmoins déployer la fibre jusqu'à l'abonné. Dans ce cas, elles lancent des appels d'offres pour construire des Réseaux d'initiative publique. Pour les y aider, l'état consacre 900 millions d'euros de subventions dans le cadre du grand emprunt.
Cependant de nouvelles ressources seront nécessaires à horizon 2025 pour couvrir l'ensemble du territoire. Le coût d'une ligne fibre optique s'élève en effet à 400 euros en zone urbaine, quand il peut dépasser 2000 euros en zone rurale en cas d'habitat dispersé. Quant au rythme de déploiement, « il n'existe pas d'arguments permettant de conclure que le recours à d'autres mécanismes économiques aurait pu conduire à un déploiement plus rapide
» estime le Centre d'analyse stratégique.
Fin mars 2012, les offres très haut débit comptaient 715 000 abonnés.
Logiquement, c'est Numericable qui detient la plus grosse part de marché, 66 %, contre 15 % pour Orange, 10 % pour SFR, 6 % pour Free et 3 % pour les autres (Bouygues, Darty, etc.). Le nombre total d'abonnés correspond à 13 % des logements raccordés, un chiffre faible comparé à ceux de la Suède (34 %), des Etats-Unis (32 %) ou du Japon (90 %). En effet, les abonnés à l'ADSL dans les grandes villes bénéficient déjà de débits intéressants et ne se ruent pas sur le très haut débit.
« Nous avons comparé nos courbes de pénétration avec celles du Japon, qui a démarré son programme fibre trois ans avant nous, et nous constatons que les courbes sont très similaires
, corrige toutefois Yves Parfait. Nous sommes dans la phase d'amorçage, mais la famille comptant deux adolescents voit tout de suite l'intérêt de la fibre. Le partage de photos ou de vidéos est aussi un usage porteur. Pour mettre à jour 20 photos sur votre album photos en ligne, cela vous prendra 20 mn avec l'ADSL, alors qu'avec la fibre c'est instantané
. »
Vincent BOULANGER