Le sous-sol français abonde de réseaux souterrains. Pour éviter les risques d’endommagement, les maîtres d’ouvrage peuvent procéder à des détections avant creusement.
Partie 1
Un marché boosté par des contraintes réglementaires et techniques
Partie 2
La méthode électromagnétique
Partie 3
La méthode par sonde
Partie 4
La méthode de géodétection
Partie 5
La méthode acoustique
Partie 6
Vers une détection toujours plus performante
Depuis l’entrée en vigueur du décret DT-DICT le 1er juillet 2012, les exploitants de réseaux doivent enregistrer leurs ouvrages sur le site du guichet unique. Lorsque les données sont trop imprécises, le maître d'ouvrage réalise des investigations complémentaires obligatoires. Face à cette évolution de réglementation et pour les assister dans cette lourde tâche, des entreprises se sont spécialisées dans la détection de réseaux souterrains. « Le marché est dynamique et en forte croissance depuis trois ans », se réjouit Marc Reverdy, directeur commercial de Radiodetection France. « Les grands concessionnaires de réseaux ont précisé leurs plans avant 2012. Aujourd’hui, nous répondons aux sollicitations des entreprises de travaux publics, des distributeurs d’eau et de gaz, des producteurs ou transporteurs de pétrole, des collectivités territoriales et des sociétés privées », ajoute Julien Barre, responsable de la gamme détection de réseaux chez T.D. Williamson France. Selon le type de canalisation à détecter et la typologie du terrain, ces spécialistes ont recours à différentes méthodes. « Nous avons développé une large offre de produits afin d’apporter des réponses techniques à chaque situation, explique Marc Reverdy. En fonction des besoins, nous orientons nos clients vers l’achat ou la location du matériel. »
La détection électromagnétique s’applique aux câbles électriques et aux canalisations métalliques (acier, cuivre, fonte, plomb...). Dans le cas où le réseau à détecter est sous tension et soumis à un courant, l’intervenant détecte les champs électromagnétiques dont il connaît la fréquence. Cette technique est dite « passive ». Au contraire, lorsque le champ magnétique est trop faible, il fera circuler un courant haute fréquence dans la canalisation métallique qui se transforme en antenne. Il la repérera ensuite depuis la surface au moyen d’un détecteur. Cette technique est dite « active ». Simple d’utilisation, la détection électromagnétique fournit des résultats précis aux maîtres d’ouvrage, nombreux à la plébisciter. « Elle permet de localiser un réseau électrique ou métallique en particulier et de connaître la profondeur exacte au niveau de l’axe de la conduite ou du câble », précise Marc Reverdy. En fonction des options, comptez entre 1 000 et 3 000 euros pour l’achat d’un détecteur électromagnétique.
Cette technique permet de détecter des réseaux sous pression. Elle est notamment utilisée pour localiser une conduite spécifique d’eau non potable telle qu’un réseau d’assainissement. Muni d’un tube d’insertion, l’opérateur génère une onde électromagnétique à l’intérieur de la canalisation. Les conditions d’utilisation sont les mêmes que pour la méthode de détection électromagnétique. Attention cependant, car la détection par sonde perturbe le réseau durant le temps de l’intervention. « Impossible d’utiliser cette méthode pour des réseaux comme les réseaux d’eau potable, prévient Julien Barre. Il convient alors d’utiliser la géodétection. »
« La géodétection est adaptée aux canalisations plastiques comme aux canalisations en métal », entame Julien Barre de T.D. Williamson France. Fonctionnant comme un sonar de bateau de pêche, le géoradar envoie une fréquence dans le sol. Celle-ci rebondit sur le réseau souterrain avant d’être renvoyée vers la surface. Le temps de retour des ondes permet de localiser les ouvrages et d’en définir leur profondeur. L’exécutant étalonnera le radar à chaque changement de milieu et se déplacera perpendiculairement à la direction supposée du réseau. « La profondeur d’investigation dépend de la longueur des ondes utilisées, détaille Marc Reverdy. C’est pourquoi il existe des géoradars aux fréquences et aux fonctionnalités différentes, adaptées aux besoins de notre clientèle hétéroclite. » Selon le directeur commercial de Radiodetection France cependant, le géoradar n’est pas la solution idéale. « Il ne donne ni la nature ni le matériau de la canalisation localisée », tempère-t-il. Comptez environ 12 000 euros pour acquérir un géoradar.
Cette méthode consiste à générer une onde acoustique sur la conduite ou dans le fluide et à la suivre en surface à l’aide d’un micro récepteur. Si l’onde est injectée dans le fluide, l’intervenant doit pouvoir y avoir accès. Cela nécessite la présence d’un représentant du réseau et l’interruption du service durant la détection. Si l’onde est injectée sur la surface externe de la conduite, le réseau n’est pas coupé. L’intervenant devra alors fixer un générateur directement sur la surface à l’aide d’une bride. Cette méthode de détection connaît des limites dans un environnement bruyant et pour des réseaux en PVC ou PE. La vibration de ces réseaux est en effet très assourdie. Parce qu’elle ne permet pas de mesure de profondeur, qu’elle est lente et qu’elle supporte un brouillage sur le premier mètre, elle est souvent couplée à d’autres méthodes.
Les fabricants proposent aujourd’hui un riche panel de matériels de détection, apportant aux maîtres d’ouvrage des solutions techniques adaptées aux différents terrains et réseaux. Reste qu’il n’existe pas, à ce jour, de matériel optimal. Ainsi, en intervention, les opérateurs associent souvent les méthodes pour rassembler le plus de données possible sur les réseaux présents dans le sous-sol. « Nos fournisseurs en sont conscients. Ils travaillent sur l’amélioration de l’ergonomie et la combinaison des technologies », annonce Julien Barre. En parallèle, des sociétés innovent sur le marché des canalisations. Ryb SA, par exemple, est à l’origine du système Eliot. Une puce RFID est directement implantée dans les réseaux neufs en PEHD ou installée sous la forme d’un marqueur sur les réseaux déjà existants. En surface, l’opérateur accède aux informations grâce à un détecteur spécifique. « Eliot permet aux intervenants de stocker toutes les données relatives au produit enterré dans la puce et d’y avoir accès rapidement », explique Olivier Séon, le directeur commercial d’Eliot Innovative Solutions. Pour lui, Eliot représente l’avenir de la détection. « Nous vendons notre technologie à des industriels français et internationaux ».
Charlotte Malbranque