Le ministère des Transports note que ce fait est exceptionnel. En effet, quatre chantiers de ligne à grande vitesse sont lancés sur l’ensemble du territoire. Focus sur ces chantiers.
Partie 1
Un rapport de la commission Duron
Partie 2
La LGV Est européenne
Partie 3
La LGV Bretagne-Pays de Loire
Partie 4
La LGV Tours-Bordeaux
Partie 5
Le contournement Nîmes-Montpellier
Cela a été l’annonce de l’été. Une annonce que tout le monde pressentait et que le gouvernement a acté le 9 juillet. Le rapport de la Commission Duron a dressé des priorités pour la suite des grands chantiers de lignes à grande vitesse en France. Le scénario, prévoyant un financement moyen, a préféré laisser de côté pour le moment la majeure partie des chantiers de LGV sur le territoire. « Ce n’est pas un problème dû à la crise », indique-t-on au ministère des Transports. Le maillage des LGV est largement suffisant pour le moment. Seule la ligne Bordeaux-Toulouse est retenue car elle regroupe les critères demandés par le gouvernement, notamment le désenclavement d’une des plus grandes villes françaises en forte croissance. L’urgence concerne les principaux nœuds ferroviaires. Cela n’empêchera pas de finir les chantiers actuels de LGV qui sont au nombre de quatre. « C’est tout à fait exceptionnel », confie-t-on au ministère des Transports.
Le chantier s’est construit en deux phases. Une première phase a permis de relier Strasbourg à Paris en 2h20. L’inauguration a eu lieu en 2007. Depuis, la seconde phase du chantier, lancé après le Grenelle de l’environnement, est sur les rails. Le tunnel de Saverne, permettant aux trains de passer sous les Vosges, s’est terminé début mars. Cette seconde phase a coûté un peu plus de deux milliards d’euros. L’Etat a financé un tiers du chantier, tout comme RFF. Le reste du financement est revenu aux collectivités locales. L’Europe a participé à hauteur de 118 millions d’euros. Si la maîtrise d’ouvrage revient à Réseau Ferré de France, le groupement Inexia-Arcadis s’occupera du tronçon en Moselle et la Setec s’occupera du tronçon en Alsace. Cette nouvelle ligne à grande vitesse a pour objectif de désenclaver et d’ouvrir les régions de l’est de la France, surtout en en facilitant la desserte depuis Paris, mais aussi en ouvrant l’ouest de l’Allemagne. RFF vante aussi l’impact au niveau des emplois sur un tel chantier. Quelques 6 000 emplois ont été créés avec cette activité, sans compter les retombées pour les commerces, l’hébergement ou encore la restauration. Et comme sur le chantier de la LGV Rhin-Rhône, une clause d’insertion sociale doit permettre aux personnes les plus éloignées de l’emploi de trouver un poste sur le chantier. La mise en service ne sera effective que d’ici à 2017.
Le chantier de cette ligne comprend la construction de 182 km de voie à grande vitesse entre l’est du Mans et Rennes. Ce chantier va coûter 3,3 milliards d’euros financés à 43 % par RFF et à parts égales par les collectivités locales et l’Etat. Pour mettre en œuvre le chantier, RFF a choisi le contrat de partenariat avec Eiffage. « Le titulaire du contrat se voit confier par RFF la maîtrise d’ouvrage de la ligne nouvelle », est-il indiqué. Dans ce contrat de partenariat public-privé (PPP), le partenaire privé assure conception, construction, entretien et financement. Le tout sur 25 ans. Ce partenaire privé devient gestionnaire de l’infrastructure, RFF restant le garant du respect du contrat. Ces PPP ont vocation à devenir l’outil privilégié de RFF lors de la réalisation de grands projets, permettant une nouvelle forme de financement et de gestion publics. Une fois le marché attribué, le partenaire gère le chantier puis la ligne en reversant un loyer à RFF. En outre, ce chantier va créer près de 10 000 emplois sur la durée totale des travaux et 30 % seront sous-traités à des entreprises, principalement locales et ne faisant pas partie du groupe Eiffage. Après l’achèvement de l’ouvrage, outre le gain de temps, la nouvelle LGV devrait, selon RFF, améliorer la compétitivité des entreprises locales, accroître l’activité touristique et l’accueil d’activités tertiaires supérieures.
Le chantier est lancé depuis un an. C’est le plus important des quatre chantiers. L’investissement total se porte à près de huit milliards d’euros pour la construction de 302 km de lignes nouvelles. Cette nouvelle ligne a pour objectif principal de réduire le temps de parcours entre Paris et Bordeaux. La ligne s’arrête pour le moment à Tours. RFF a investi un milliard d’euros, l’Etat, les collectivités locales et l’Europe trois milliards. Les derniers milliards se découpent entre la dette bancaire, la CDC, les actionnaires du consortium LISEA et un crédit contracté auprès de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). La LISEA (Ligne sud Europe Atlantique) est la société concessionnaire pour 50 ans de la ligne. Le groupe Vinci est la pierre angulaire de ce consortium. La LISEA, et son émanation la COSEA (NDLR : la société chargée de la construction de la ligne), est à la fois maître d’ouvrage et responsable des financements nécessaires pour permettre au chantier d’arriver à terme. Plus de 7 000 emplois seront pourvus sur l’ensemble du chantier, dont 1 700 dès les premiers mois pour former du personnel à la réussite des premières opérations. Et environ 1 700 emplois doivent être pourvus localement, notamment pour ce qui concerne le génie civil.
Le dernier chantier de ligne à grande vitesse en cours concerne le sud-est de la France et le contournement de Nîmes jusqu’à Montpellier. Si le rapport Duron a repoussé la future ligne Perpignan-Montpellier, le contournement doit être un véritable atout pour l’ensemble de la région PACA. Générateur d’emplois, construction de deux nouvelles gares à Nîmes et Montpellier et mise en place de clauses sociales, les retombées s’annoncent plus que positives pour ce chantier de seulement 80 km, mais qui va coûter 2,28 milliards d’euros. Là encore, un partenariat public-privé via un contrat de partenariat est le point central de ces travaux qui permettront aussi de rendre plus facile la liaison entre l’Espagne et l’Italie. Bouygues Construction et sa filiale Colas font partie des parties principales du consortium. De nouveau, l’ouvrage créera 6 000 emplois. L’amélioration des transports de marchandises fait aussi partie des enjeux de ces quatre chantiers, les derniers avant que le ministère des Transports ne s’attaque aux chantiers des désengorgements des nœuds ferroviaires autour des grandes villes.
Mathieu Liénard