Formation du personnel : les foreurs ont 4 ans pour se préparer
Le 24 septembre 2013
En 2017, une obligation demandera aux entreprises travaillant à proximité des réseaux une formation de tout son personnel. Une lourdeur qui amène une reconnaissance pour les entreprises de forage.
Partie 1
Obligation au 1er janvier 2017
Partie 2
La FSTT en première ligne
Partie 3
Professionnaliser le métier de foreur
Partie 4
Du personnel mieux formé
Au 1er janvier 2017, tout le personnel de l’entreprise de travaux présent sur le chantier devra bénéficier d’une autorisation d’intervention à proximité des réseaux fondée sur la vérification des compétences.
Pour beaucoup d’entrepreneurs du secteur, cette nouvelle avancée va mettre du temps à arriver. « 2017, c’est encore loin », souligne Eric Garroustet, président du syndicat national des entrepreneurs des puits et des forages pour l’eau et la géothermie. Il est bien plus préoccupé par le prochain décret à paraître sur la géothermie que par cette nouvelle obligation. Lancée en 2012, elle a pour but de protéger encore mieux les personnels à proximité des réseaux enterrés, et notamment les réseaux sensibles comme le gaz ou l’électricité. « C’est une obligation pour tous ceux qui travaillent à proximité des réseaux, de l’ouvrier au chef d’entreprise », précise Adrien Commery, responsable commercial dans l’entreprise Tracto-Techniques et membre de l’atelier de la FSTT sur cette nouvelle obligation.
Les entreprises de forage sont en première ligne dans la mise en place de cette avancée, considérée comme majeure au niveau de la sécurité. Jean-Pierre Brazzini de la FSTT (France Sans Tranchée Technologies) précise que cette obligation viendra en complément de la réglementation DT-DICT. « La réglementation DT-DICT était cantonnée jusqu’à présent aux responsables d’entreprise. L’information ira maintenant jusqu’au plus près et descendra jusqu’à l’opérateur sur le terrain », explique-t-il. Selon lui, cela obligera les maîtres d’ouvrage à poser les bonnes questions en amont.
L’impact sur le métier de foreur va être des plus important. « Cela va professionnaliser le métier. Aujourd’hui, pour être foreur, il faut simplement de l’argent sur son compte en banque, sachant que les grosses entreprises de forage sont bloquées car il leur manque cette avancée », insiste Adrien Commery, de l’entreprise Tracto-Techniques. Ce fournisseur en matériel de forage va aller très loin dans cette nouvelle obligation puisqu’il compte créer un centre de formation lié à cela.
L’obligation montrera au reste des métiers des travaux publics que les foreurs sont aptes à travailler dans des environnements dangereux et que leurs compétences sont réelles. Pour l’instant, les entreprises de forage ont du mal à être reconnues. « Lorsque nous repérons une conduite de gaz, nous n’allons pas prendre le risque de forer », explique Eric Garroustet qui indique que le principal manque vient plutôt du déclenchement de travaux. « Le maître d’ouvrage doit faire sa DT. Quand nous faisons notre DICT et qu’il y a une conduite de gaz, les opérateurs de GDF sont relativement réactifs », poursuit-il. Pourtant, cette obligation, malgré la lourdeur administrative et le manque à gagner qu’elle va peut-être représenter sur le chiffre d’affaire de son entreprise, va entraîner une piqûre de rappel pour ses salariés.
« Nous avons du personnel qui ne connait pas les risques qu’ils prennent », précise Jean-Pierre Brazzini. Et si les entreprises de forage sont déjà très au courant des risques liés aux travaux à proximité de réseaux sensibles, « cela va obliger les autres entreprises à se mettre à leur niveau ». « Aujourd’hui, nous sommes bloqués et nous formons sur le tas et en continu. Il faudrait une formation avant l’entrée dans la profession avec une connaissance des règles de sécurité », enchaîne Adrien Commery. Cela va assurément faciliter la vie des foreurs et ouvrira des marchés supplémentaires à l’étranger pour les entreprises de forage françaises. Ce manque de règles précises empêche les foreurs français d’aller travailler à l’étranger, alors même que des entreprises étrangères viennent réaliser les mêmes travaux en France. Cela ouvre des nouvelles possibilités dans ce contexte de crise. « Nous ne serons plus marginaux », reconnaît Jean-Pierre Brazzini qui voit dans cette obligation une reconnaissance pour toute la profession.
Mathieu Liénard